Des épines

 

des épines

dans les yeux des autres[1]

 

 (en lisant  Le temps des ravins)

 

 

Comment et pourquoi des poèmes naissent-ils quand leurs auteurs furent victimes des violences de masse les plus systématiques du XXème siècle en Europe – « la destruction des Juifs d’Europe », selon les termes de Raul Hilberg ?

Et que sont ou font, face à ces violences sans bornes, des poèmes dont les auteurs, sans avoir été eux-mêmes des victimes, ont éprouvé l’impulsion de parler pour les disparus ?

Mais encore : quand les témoignages portant spécifiquement sur les persécutions nazies contre les Juifs sont réprimés – comme ce fut bientôt le cas dans l’Union soviétique d’après-guerre (à commencer par le sort réservé au  Livre noir) –, à quel prix des poèmes se forment-ils encore pour en parler, astreints qu’ils sont alors à se donner les traits d’une expression détournée, voire à demi-secrète ?

 

Certains poètes victimes de la Shoah, que, par un sombre miracle, nous pouvons lire aujourd’hui, survécurent à la guerre, et leurs poèmes avec eux. Ainsi du grand Immanuel Weissglas qui connut la déportation dans les terribles camps en Transnistrie. Son traducteur – de l’allemand –, François Mathieu écrit dans le recueil  qu’il a composé sous le titre Poèmes de Czernowitz : « Connaissant alors la faim, l’épuisement, la tuberculose, le typhus, les grandes chaleurs et le grand froid, en dépit de tout, [Weissglas] ne cesse d’écrire des « poèmes qui [dit-il] sont ici des pierres miliaires qui caractérisent l’effroyable chemin que, en 1941-1945, nous avons parcouru entre le Dniestr et le Boug en Ukraine. » »

D’autres poètes de Czernowitz disparurent, et c’est par les hasards ou l’acharnement de transmissions diverses que leurs écrits ont, eux, survécu. Ainsi découvre-t-on, dans le même recueil composé par François Mathieu, les vers de Selma Meerbaum-Eisinger qui, très jeune, presque enfant, n’a pas survécu. On lit au milieu du poème intitulé « Poème » – et daté du 7 juillet 1941 :

 

Je voudrais vivre.

Je voudrais vivre et lever des fardeaux,

je voudrais lutter, aimer et haïr,

je voudrais prendre le ciel de mes mains

et voudrais être libre, respirer et crier.

Je ne veux pas mourir. Non !

Non.

La vie est rouge.

La vie est mienne.

Mienne et tienne.

Mienne.

 

Et on lit encore, pour finir:

 

Une

vie.

De tas en tas,

ils meurent.

Ne se relèvent jamais.

Jamais

et

jamais.[2]

 

*

 

Le livre d’Annie Epelboin et Assia Kovriguina La littérature des ravins recèle un extraordinaire ensemble de poèmes – ou, du moins, de larges extraits de ces poèmes.

Les poètes, ici, ne sont pas des victimes comme le furent Immanuel Weissglas ou Selma Meerbaum-Eisinger. Les destructions évoquées dans cet ouvrage furent trop radicales pour qu’il se trouve des survivants pour prendre la parole : « Aucun des rares survivants des ravins et des massacres  de masse, écrivent Annie Epelboin et Assia Kovriguina, n’a témoigné dans la littérature en langue russe. Certains ont témoigné lors des procès et enquêtes menés à la fin de la guerre, et leurs propos ont parfois été retranscrits, mais par des tiers. »

Ces massacres démesurés, qui ne laissèrent donc que fort peu de survivants, ne furent certes pas sans témoins : « Les témoins cependant, écrivent encore Annie Epelboin et Assia Kovriguina, ont été innombrables : tout se passait au vu et au su des habitants non juifs. Puis les correspondants de guerre et les soldats ont pu faire le constat du désastre dans chaque ville, dès lors qu’ils reprenaient ces territoires, ou en rentrant du front. »[3]

Mais il faut entendre ici « témoin » en un autre sens que celui de survivant. Il s’agit de ceux qui virent ou apprirent après coup ce qui était arrivé aux innombrables victimes. Ainsi les auteurs des poèmes que nous lisons dans  Le temps des ravins parlent-ils pour d’autres qu’eux-mêmes, pour les disparus. Et c’est alors qu’on voit certains d’entre eux, si divers qu’ils soient, recourir au poème. Ainsi Ehrenbourg (cité p 208), qui dit, en vers, la charge dont il sent le poids dès lors qu’il a appris ce qui était arrivé :

 

... tel un forçat son boulet,

Je traîne la mémoire d’autrui

 

Ces témoins autres ne furent pas des « bystanders » – des badauds à l’attention et à la mémoire négligentes (comme ceux qu’on entrevoit dans le  Campo dei Fiori de Czeslaw Milosz). A ceux pour lesquels ils témoignèrent, ils se sentaient liés.

Ilya Selvinski arriva en janvier 1942 sur les lieux où les nazis avaient commis des massacres – « dans le ravin de Baguerovo près de Kertsch », en Crimée : il découvrit, nous disent Annie Epelboin et Assia Kovriguina, « les mares de sang glacé de l’énorme fosse remplie de cadaves gelés... ». Dans le poème « J’ai vu cela » – « le tout premier témoignage littéraire sur la Shoah publié en URSS » (lit-on dans  La littérature des ravins  p108) –, c’est comme des résistants, juifs, certes, mais aussi soviétiques, que Selvinski fait parler les victimes : l’héroïsme insuffle au poème une unanimisante généralité.

Dans d’autres cas, en revanche, les poèmes se formeront comme consubstantiels des liens entre leurs auteurs et les victimes – liens de famille mais aussi d’appartenance partagée . Ainsi Margarita Aliguer fait-elle entendre une injonction de sa mère (qui a échappé de peu au massacre) : « Ma mère m’a dit : « Nous sommes juifs, / Comment as-tu pu l’oublier ? ». Or ce sont là, précisément, comme nous l’apprennent Annie Epelboin et Assia Kovriguina, des vers qui furent censurés.

De la lecture de La littérature des ravins, peut-être retient-on singulièrement des vers qui disent les liens entre poète et disparus.  « Je n’ai trouvé ni mon oncle ni ma tante, / Je n’ai pas revu mes cousines », écrit Boris Sloutski (cité p203-204), « Mais je garde le souvenir, / Le souvenir ancré / Jusqu’à présent/ de leurs voisins/ Qui regardaient la terre/ Me disant doucement : « Brûlés ... »

 

A quels moments des auteurs aussi connus et productifs qu’Ehrenbourg ou Grossman choisissent-ils, entre divers registres d’écriture, le poème ? Je ne peux prétendre le discerner...

Ce qu’en tout cas les vers réalisent dans la substance même du langage, c’est, immédiatement, la proximité détruite avec les disparus. Et ils donnent aussi une présence dangereuse à la fragilité même...

Les poèmes, avec ce qu’ils conservent d’instantanéité, seraient-ils une incarnation de ce qui aurait pu ne pas être ? Voici qu’ils apparaissent tout près de l’évanouissement, et d’abord du fait de leur support, bribe de papier pourrissante ou feuille s’évanouissant dans une flamme – celle, par exemple, où Ahkmatova, après avoir lu ses vers à Tchoukovskaïa, les faisait disparaître dans l’air ?

 

Impossible, bien sûr, de m’aventurer ici à relever systématiquement des traits généraux propres à la poésie de témoignage en général. Deux ou trois fragiles remarques seulement...

 

Le présent propre du poème – qu’il faut ressentir dans chaque cas singulièrement – désirerait-il faire venir en lui, telle une brûlure quasi hallucinatoire, les présents insoutenables des mourants ?

En même temps, ce présent ne peut que tenter d’impliquer les présents qui sont, seront ou devraient être ceux de lecteurs-auditeurs.

Et parfois, les présents passés des disparus et les présents à venir des lecteurs-auditeurs glissent les uns dans les autres. Ainsi arrive-t-il qu’un poème paraisse désirer, contre toute réalité, se destiner à ceux qui ont été engloutis. Dans une situation autre que celles rappelées dans  La littérature des ravins, Władysław Szlengel, poète du ghetto de Varsovie, poète qui ne survécut pas à la révolte et à la destruction du ghetto, écrivit : « ce que je dis aux morts ».

 

Dans la tension réalisatrice propre de son présent, il arrive encore que le poème tente de faire revenir, de toute sa faible force, la présence (ne serait-ce que comme une inflexion atroce de l’espace-temps évoqué), voire les paroles mêmes des bourreaux (tels ces ordres fichés comme des dards dont parlait Elias Canetti[4]) . Ce fut le cas dans les vers ultimes du hongrois Miklos Radnoti (des vers tracés lors d’une marche forcée où le poète finit par être abattu) où se trouvent incluses – citées brutes, en allemand –  les paroles d’un tueur SS. 

 

Il est un autre trait, d’une cruauté spécifique, que partagent les poèmes cités dans  La littérature des ravins. Ecrits en Union soviétique, ils eurent à subir, en diverses circonstances, la censure exercée par un pouvoir qui taxait de « cosmopolitisme » ou, tout aussi bien, de « nationalisme » réactionnaire,  tous les témoignages sur ce que les Juifs avaient subi en tant que tels lors du déchaînement de la violence nazie. Peut-on, dans les poèmes que cite  La littérature des ravins, déceler des anticipations de cette autre persécution antisémite que fut la censure exercée sous Staline et bien après lui encore ?

 

Le plus immédiat, et donc le plus difficile à caractériser, particulièrement pour les poèmes de témoignage, c’est, dans le présent du poème, la puissance de « l’élément » proprement poétique.

Cet élément se donne à nous dans le silence ou dans le blanc qui sont, audiblement ou visuellement, constitutifs des poèmes, spécialement modernes, et de leur tension rythmique à chaque fois singulière.

Cet élément, réalisant sa présence au sein du poème, happe simultanément du dehors...  Il fait venir dans les espacements internes au poème autre chose que ces « contenus » que les mots nomment, que les phrases décrivent ou racontent ou que des formules poétiques condensent énigmatiquement. C’est un afflux d’ « entre ». C’est comme une transfusion, ou – pour utiliser un terme issu de la physique –  une « adsorption », de l’entre humains (fût-ce parfois entre soi et soi) ou de l’entre hommes et choses ... Et dans le cas des poèmes de témoignage, la réalisation implicite mais puissante de cet élément nous communique des sensations palpitant entre vie et mort, survie provisoire et destruction la plus abjecte.

Ou encore, cet élément devient une surface d’inscription menacée. Dans le poème en général, les mots ou traits divers sont spécifiquement comptés, chacun prend une place qui lui est comme mesurée par la résistance d’un support réticent. Mais dans les poèmes de témoignage, la réalisation de ce support constitutif du poème communique, sur le plan thématique, avec les évocations atmosphériques de neige, de pluie, de terre comme dévorante, de fumée...

Il aurait fallu surtout souligner que, par le comptage interne se créant au sein de la tension poétique ou sur le support à demi-imaginaire qui s’y déroule, le poème de témoignage peut soudain paraître faire venir en lui, dans sa plus intime constitution, la terreur s’abattant sur des êtres qui ne comptent plus que comme promis à l’annulation, sur des humains marqués pour disparaître sans traces. 

 

*

 

Une des fortes découvertes que je dois au Temps des ravins, c’est celle de Lev Rojetskine : « un survivant des camps particulièrement terribles de Domanievka, où furent exterminés environ quinze mille Juifs, et de Bogdanovka, où périrent cinquante mille victimes dans des conditions horribles. »

Il faudrait s’attacher au détail de ce que nous apprennent sur lui Annie Epelboin et Assia Kovriguina. C’est « très jeune », nous disent-elles, qu’il « a compris que rendre compte de la Shoah était une entreprise malvenue et dangereuse », et « il a donc choisi de se taire sur ce qu’il avait vécu ». A quoi il faut ajouter qu’il portait « l’étiquette accablante de « membre de la famille d’un traître à la patrie » car son père avait été fusillé en 1937 ».

Annie Epelboin et Assia Kovriguina suggèrent que Rojetskine entra dans une sorte de torpeur – dont il ne sortit que dans les années 1980.

Je les cite maintenant citant  Rojetkine :

« Le recueil Echo tardif ne parut finalement qu’en 1993, dans une petite maison d’édition d’ Odessa. Il est composé de dix-neuf longs poèmes ou chapitres. Voici un extrait du dernier poème :

 

L’âme dort,

telle une jeune fille dans un sommeil léthargique,

la mémoire hébétée,

recroquevillée au fond de l’âme

dort.

De temps à autre,

jetant un coup d’œil en arrière,

je me demande :

« Est-ce que ça a existé,

le terrain vague et les trous noirs des fosses,

et moi, sur ce terrain, tirant une brouette

qui grince tristement

sous le poids des corps morts ? »

« Et a-t-il existé, ce gamin ?

Peut-être qu’il n’y en a jamais eu, de gamin ? »

Et le passé s’enlise

plus profondémenet dans la brume,

et l’âme s’enrobe d’une couche de graisse,

et le noir terrain vague

où il fallait entasser les morts

disparaît sous une herbe épaisse...

La vie passe,

tu t’es mis à vieillir,

mais soudain ton oreille,

contre ta volonté

et sans la moindre envie,

perçoit un grondement alarmant,

le son étouffé d’une cloche éloignée.

Elle sonne de plus en plus fort,

elle bat à toute volée,

toujours plus insistante,

résonne la cloche déchaînée,

et tu t’ébranles avec elle

et ton âme pousse un cri

et sort de son long sommeil

et le passé frappe à ton cœur

comme les cendres de Klaas

et il desserre tes lèvres

et glisse une plume entre tes doigts raidis

devenus inaptes

et tu grattes de cette plume

la toile émeri de la feuille de papier

et tu articules dans ta bouche asséchée

des mots pâteux comme la glaise,

et le passé reprend vie

et te regarde de ses yeux sévères

et toi, tu te hâtes, tu te hâtes

de semer sur la terre en friche du papier

les grains des mots, car tu sais

que la cloche va se taire et cesser de sonner

et qu’à nouveau ta bouche sera silencieuse

et tes doigts redeviendront rigides

et tu ne pourras plus assembler les mots,

fixant de tes yeux étonnés

la blancheur de la feuille de papier.

............................................................

L’écho,

l’écho tardif,

la voix du malheur

a transpercé l’épaisseur des années. »

 

[note : On lit dans »les cendres », dans Babi yar de Kouznetsov, après que l’auteur a rappelé qu’enfant, il avait été, dans ravin, ramasser un « bloc » fait des « cendres agglomérées de beaucoup de gens, des cendres internationales en quelque sorte » :

« C’est alors que je décidai qu’il fallait noter tout cela, depuis le début, comme cela s’était passé, sans rien omettre ni rien inventer.

Et c’est ce que je fais, parce que je sais que je dois le faire, parce que, comme il est dit dans Till Eulenspiegel, les « cendres de Claes battent dans mon cœur »... »]

 

Le « je » parlant dans ce poème dit d’abord sa propre émergence au sortir d’une léthargie où il aurait été d’abord – spatialement et pesamment – réalisé  en une « âme » quasi matérielle et recélant en son propre dedans une « mémoire » ainsi localisée.

Et si bientôt le propre passé du « je » – son expérience de victime – lui revient, c’est comme à demi étranger et, à son tour, étalé dans une spatialité qui englue.

A vrai dire, le poème fait communiquer plusieurs spatialités qu’on pourrait tenter de distinguer.

C’est d’abord, la distance  à travers laquelle se donne le passé lointain et d’où s’élèvent maints doutes (« et le passé s’enlise/plus profondément dans la brume ») .

C’est ensuite, la fade épaisseur  appesantissante où, comme tout le poème nous le fait sentir, le sujet ne cesse guère d’être pris (« et l’âme s’enrobe d’une couche de graisse »).

C’est encore l’espace qui fut celui des camps : terre béante ou déroulée, et mise au service de la persécution (« le terrain vague et les trous noirs des fosses/ et moi, sur ce terrain, tirant une brouette »).

C’est enfin la matérialité de l’écriture même: raideur des gestes et des organes du corps écrivant, phrases se cherchant en « mots pâteux comme de la glaise » dans l’organe même de la parole, résistance des instruments de l’écriture – plume ou, surtout, « la toile émeri de la feuille de papier ».

Cependant, le poème n’aura été possible qu’animé d’une temporalité qu’il dit centralement. C’est une arrivée que les vers rendent sensible sous forme de sons répétés (qui, à tort ou à raison, m’auront évoqué des passages de Moussorgski ou de Rachmaninov) : ces coups qui s’approchent et croissent sont ceux d’une « cloche » qui se « déchaîne » et parvient à éveiller le sujet et à faire venir à  – ou en –  lui le passé longtemps perdu au  plus loin.

Et voici que le passé est devenu une présence pour le je/tu ; il se dresse au cœur du présent du poème : « il reprend vie / et te regarde de ses yeux sévères ».

Et voici encore que la terre affreuse de tout à l’heure – ou plutôt de jadis – devient en cet instant le support même où égrener des mots : « tu te hâtes/ de semer sur la terre en friche du papier/ les grains des mots ».

C’est, bien sûr, comme le dit le poème, ce qui ne durera que le temps du poème. Tout va se retirer. La torpeur va-t-elle de nouveau l’emporter ?

Pour nous, lecteurs lointains et tardifs, ces vers, lus dans  Le temps des ravins, sont désormais de ceux qui ne se laissent pas oublier.

 

Claude Mouchard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[1] Rose Ausländer 

 

[2] Selma meurt, âgée de 18 ans, le 16.12. 1942 à Michaïlovka [un camp de travail]. Sa mère et son beau-père seront exécutés un an après. François Mathieu (p 166-167) évoque la destinée de ses manuscrits – et aussi l’histoire de sa publication à l’Est : « En 1968, l’écrivain de RDA Heinz Seydel publie dans une anthologie poétique consacrée à la persécution des Juifs par les nazis un poème de Selma Meerbaum-Eisinger. Paul Celan, qui partage avec elle un arrière-grand-père, a accepté que sa  Todesfuge [Fugue de mort]  figure dans cet ouvrage à condition que l’anthologiste y fasse figurer ce poème écrit par sa lointaine parente ... »

 

[3] p20 « La figure essentielle du témoin, en URSS, de celui qui s’engage à parler pour les disparus, n’est donc pas celle du survivant, de celui qui peut dire « j’y étais ». Le témoin y est l’autre de l’expérience : juif ou non-juif, il n’a pas été emmené par les victimes. Il a vu, compris, éprouvé de très près, sans en « faire partie ». S’il décide de transmettre, c’est parce qu’il se sent responsable. Il est solidaire des disparus par intériorisation empathique. »

 

[4] Peut-on rappeler ici ce que Georges Bataille souligne en commentant le témoignage de David Rousset ? « Le pire en ces souffrances des déportés n’est pas la douleur supportée mais la douleur rageusement voulue par d’autres. La douleur provenant de maladies ou d’accidents ne semble pas si horrible : le fond de l’horreur est dans la résolution de ceux qui l’exigent. »